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Ecrire est une aventure
Elda
Une nouvelle de Hervé Huguet
Elda contemple sa robe de princesse. À quinze ans, elle ne boit pas d’alcool mais a tenu à choisir une couleur pétillante : champagne !
À vrai dire l’âge n’est pas la raison principale de son abstinence mais bien plutôt la religion dans laquelle ses parents la confinent depuis toujours. Les interdictions balisent une vie en-tièrement consacrée à la vie éternelle. L’abstinence est la protection ultime contre le virus du péché qui contamine la société des autres. Ceux en dehors de l’église. Ceux voués à la damnation.
Cette austérité n’a pas empêché les parents d’Elda de se conformer à la tradition en organi-sant cette fête pour la jeune quinceañera.
En rentrant dans l’église dont la sobriété tranche avec la salle réservée pour le reste des festivités, Elda se sent resplendissante. Au bras de son père elle remonte l’allée. Elle se sent observée. Ce n’est pas un mari qui l’attend au bout de l’allée. Dans quelques années sûrement. Aujourd’hui le pasteur Carlos Gomez l’attend, droit dans son costume sombre.
Elle vient chercher sa bénédiction.
L’église l’accompagne. Tradition venue du fond des âges.
Ici quelle que soit la religion, le passage est célébré. Petite fille
elle était, femme elle de-vient.
Elda se souvient du sang le long de ses cuisses. La peur. Les mots de sa mère.
Chuchotés. Les rires des femmes au lavoir. La honte. Le silence du père.
Elle n’a pas oublié. Le pêché originel. La punition des femmes pour l’éternité.
La douleur comme règle. La douleur des règles.
Femme-enfant. Enfant encore
Quinceañera ! La fierté et la crainte.
Rejoindre les femmes c’est quitter l’enfance.
Offerte aux hommes par son père. Par sa mère.
Elle a bien découvert le désir en regardant Felipe.
Il semble l’ignorer. Mais elle le rejoint chaque nuit dans ses rêves.
Dans son carnet secret elle l’a dessiné. Elle l’a imaginé nu,
en s’inspirant des statues et des tableaux que les livres d’art
de la bibliothèque lui ont permis d’admirer.
Elle a gardé à distance Israël qui, lui, recherche sa présence.
Il est gentil mais…
Elle a invité Felipe à la fête qui se tient à l’issue de la cérémonie religieuse. Elle a choisi son diadème et ses bijoux en pensant à lui. Elle veut l’éblouir.
La salle que ses parents ont réservée -leur maison est vraiment trop petite- a été décorée. Dehors, des ballons blancs et roses signalent aux passant l’événement.
Dans la salle également ballons et guirlandes apportent leurs touchent de couleur. Sur les tables, des roses symbolisent le passage. Le blanc de l’enfance. Le rouge du sang des femmes.
Au fond, un trône.
La suite à lire dans "La longue robe noire" https://www.lysbleueditions.com/produit/la-longue-robe-noire/
© Hervé Huguet / Le Lys Bleu
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